Israël a ciblé mardi 9 septembre à Doha de hauts responsables du Hamas. Israël assume cette frappe, alors que le mouvement islamiste affirme que les personnes visées ont survécu à l’attaque, qui a fait six morts. Selon plusieurs sources, elle s’est produite lors d’une réunion des négociateurs du Hamas, au moment où ils discutaient de la proposition du président Trump pour un cessez-le-feu à Gaza. Le Qatar, qui joue depuis des mois un rôle de médiateur dans les négociations, a dénoncé une attaque sur son sol et déclaré « se réserver le droit de répondre ».
En Israël, cette attaque suscite encore une grande confusion. Amos Yadlin, ancien chef de l’aviation et du renseignement militaire, estime que « les objectifs de l’opération n’ont pas été atteints ».
Washington, alliée du Qatar et d’Israël, a critiqué les frappes israéliennes. « Je ne suis pas ravi », « je suis très mécontent », a déclaré le président Trump mardi 9 septembre au soir. Il a affirmé qu’Israël n’avait pas prévenu les États-Unis à l’avance, même si son administration avait été avertie « par l’armée américaine », selon la Maison-Blanche. Les frappes au Qatar ont rendu le président Donald Trump « très mal à l’aise », même si « éliminer le Hamas » reste « un but louable », avait indiqué plus tôt la Maison-Blanche.
Le bureau du Premier ministre israélien a souligné qu’il s’agissait d’une opération « totalement indépendante ». « Il a donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. Aujourd’hui, en raison d’une opportunité opérationnelle (…) lui et le ministre de la Défense (Israël Katz) ont décidé de mettre en œuvre la directive », indique un communiqué.
Conséquences diplomatiques
Le Qatar a démenti avoir été prévenu. L’émirat « se réserve le droit de riposter à cette attaque flagrante », a déclaré son Premier ministre, Cheikh Mohammed ben Abdulrahmane Al Thani. « Nous pensons qu’aujourd’hui, nous sommes arrivés à un moment charnière. Il doit y avoir une réponse de toute la région », a ajouté le dirigeant, assurant toutefois que son pays continuerait à jouer le rôle de médiateur dans la guerre à Gaza.
Ce matin, plusieurs commentateurs estiment que cette nouvelle tension avec les États-Unis pourrait contraindre Israël à précipiter la fin de la guerre à Gaza. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avoir ordonné les frappes après un attentat, revendiqué par le Hamas, qui a fait six morts lundi à Jérusalem-Est.
Une grande partie de la classe politique israélienne salue l’opération, mais dans l’opposition, on s’interroge sur l’opportunité de l’attaque à ce moment précis.
L’inquiétude des familles d’otages
Les familles d’otages affirment suivre les développements à Doha avec une profonde inquiétude. Pour le Forum des familles : « Les chances de ramener les otages sont aujourd’hui plus incertaines que jamais ». « Ce sont nos proches qui pourraient payer le prix de cette attaque… », explique Gil Dickmann, cousin de Carmel Gat, enlevée le 7 octobre 2023 et tuée en captivité un an plus tard.
« Oui, bien sûr, nous sommes inquiets que le Hamas puisse utiliser ça comme une excuse pour arrêter les négociations et pour faire du mal aux otages », dit-il. « Nous savons que par le passé ils ont tué des otages, comme ma cousine. Ils font du mal aux otages tout le temps. Nous exhortons le Hamas à ne pas utiliser ce prétexte pour blesser les otages ou arrêter les négociations… »
D’après l’armée, 47 captifs restent détenus à Gaza, dont une vingtaine encore vivante, sur un total de 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023.
Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit mercredi 10 septembre en urgence sur ces frappes israéliennes à Doha, ont indiqué des sources diplomatiques à l’AFP. Plusieurs pays arabes, la Turquie et la France ont condamné les frappes israéliennes.
M. B.