jeudi 11 septembre 2025
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France : qui est Sébastien Lecornu, allié discret d’Emmanuel Macron nommé Premier ministre ?

La France a désormais un nouveau chef du gouvernement, le quatrième en un an. Sébastien Lecornu, jusque-là ministre des Armées, succède à François Bayrou, qui a présenté sa démission mardi 9 septembre. Le passage de relais aura lieu à la mi-journée à Matignon, alors que la rogne sociale gronde dans tout le pays à l’initiative du mouvement « Bloquons tout ». 

Âgé de 39 ans, Sébastien Lecornu est un fidèle compagnon de route d’Emmanuel Macron. Discret et affable, il est avant tout reconnu comme un fin politique, un « animal politique » jusqu’au bout des ongles, note notre journaliste spécialiste de la Défense, Franck Alexandre.

Membre de tous les gouvernements depuis l’élection de Macron en 2017, il reste cependant assez peu connu du grand public. Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2015 le plus jeune président de département, celui de l’Eure, après avoir été maire de Vernon, en Normandie. Très enraciné dans son territoire, ce qu’il appelle la « Normandie connection », Lecornu est le petit-fils d’un résistant et se revendique gaulliste.

Réserviste de la gendarmerie et passionné d’histoire, il a exercé dans plusieurs ministères : Écologie, Collectivités, Outre-Mer, puis Armées. Ces trois dernières années, à l’Hôtel de Brienne, il a œuvré à la remontée en puissance des forces armées françaises, faisant adopter à l’Assemblée la loi de programmation militaire doublant le budget des armées. Bon orateur, il a, parmi la classe politique, la réputation de maitriser ses dossiers et d’être suffisamment rond et madré pour arracher des compromis.

Un choix de continuité et de proximité

Le président Emmanuel Macron a ainsi choisi la continuité, en nommant un ministre expérimenté et proche de lui. Sébastien Lecornu, qui avait failli être nommé à Matignon en décembre dernier, devient « le bouclier de Macron », soulève la cheffe du service politique de RFI, Valérie Gas, chargé d’éviter une dissolution et de stabiliser l’exécutif face aux pressions parlementaires et sociales.

Deux options s’offrent à lui. Première option, réitérer un accord de non censure avec le Parti Socialiste, comme l’avait fait François sur le budget 2025 – en comptant sur la peur d’une dissolution côté PS. Deuxième option, amadouer le Rassemblement National.

La virulence des réactions des oppositions immédiatement après l’annonce de sa nomination laisse à penser que le pari n’est pas gagné d’avance. Le RN, LFI et même les socialistes dénoncent le choix de cet ancien sarkozyste reconverti en macroniste, tandis que les LR restent plus mesurés.

Sa première tâche sera de consulter les forces parlementaires avant de former un gouvernement, afin de faire passer un budget et éviter la censure. « Le président tire la dernière cartouche du macronisme », estime Marine Le Pen (RN). « Macron prend le risque de la colère sociale », avertit les socialistes. « Une triste comédie », relève Jean-Luc Mélenchon de la France insoumise. Pour le député LFI Thomas Portes, la nomination de Sébastien Lecornu est une « provocation d’Emmanuel Macron ».

Accompagné de son chien de chasse Tiga, il prend ses fonctions à midi, sans transition, pour une mission à haut risque. En parallèle, des premières actions ont débuté mercredi matin en France à l’initiative du mouvement « Bloquons tout ».

M. B.