dimanche 7 septembre 2025
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À Gaza-ville « la guerre des tours a commencé », les habitants contraints d’évacuer

Sept cents jours se sont écoulés depuis l’attaque du 7 octobre 2023 : une date symbolique qui marque aussi le redoublement des bombardements à Gaza. L’armée israélienne a détruit une tour dans la ville de Gaza vendredi 5 septembre et elle affirme que les opérations vont s’intensifier dans les jours qui viennent. Certains habitants se plient aux ordres d’évacuation et quittent les zones ciblées, terrifiés.

À Gaza-ville, l’armée israélienne a bombardé une tour d’immeuble située dans le centre, ce vendredi. Le bâtiment s’est écroulé comme un château de cartes. L’armée a indiqué avoir averti préalablement la population de la frappe « afin de limiter les dommages causés aux civils ». Dans un communiqué, elle a précisé que le Hamas avait installé dans la tour « des infrastructures utilisées pour préparer et mener des attaques » contre l’armée israélienne.

« Dans les jours qui viennent, l’armée effectuera des frappes précises et ciblées contre des infrastructures terroristes », ajoute l’armée israélienne, indiquant que les tours d’immeubles seraient en particulier ciblés.

« Quand une seule tour est détruite, ça veut dire des centaines de foyers perdus en un instant »

« La guerre des tours a commencé à Gaza-ville, raconte Eyad Amawi, coordinateur de l’aide humanitaire pour des ONG de Gaza au micro d’Amira Souilem. Par tour, on entend ici un bâtiment résidentiel qui peut comprendre plus de cent appartements, parfois même jusqu’à deux cents. Gaza est très petit et densément peuplé donc la plupart de ses constructions sont verticales et non pas horizontales. Quand une seule tour est détruite, ça veut dire qu’on perd des centaines de foyers en un instant parce que les blocs alentours sont aussi dévastés par la déflagration de l’explosion qui efface donc des quartiers entiers.

Pour Eyad Amawi « c’est une stratégie de contrôle à travers la destruction, la peur et les bombardements incessants. Tout cela force les gens à partir sans même que l’on ait à leur dire de le faire ».

Certains Gazaouis ne peuvent se déplacer que de quelques kilomètres

Dans ce contexte, l’inquiétude de la population grandit. Faut-il rester et risquer sa vie, ou partir, mais pour aller où ? Souheila n’en peut plus. Elle a reçu des ordres d’évacuation à plusieurs reprises, et aujourd’hui, elle ne possède plus rien. « J’ai été déplacée quatre fois sous les tirs des drones et des chars, raconte-t-elle. Nous sommes partis de chez nous sans nos affaires, sans rien, pas de vêtement, ni de chaussures. Nous sommes pieds nus. Je suis là, sur les décombres d’une maison bombardée. On dort par terre sans matelas, sans couverture. Mais j’étais obligée de partir, nous avions trop peur des frappes et des bombardements. »

Certains habitants quittent la ville de Gaza pour le sud de l’enclave, mais d’autres n’ont pas les moyens et se déplacent juste de quelques kilomètres, expliquent nos correspondants à Gaza, Nabil Diab, et à Jérusalem, Frédérique Misslin. C’est le cas d’Abderrahmane : « Je suis de Jabalia et j’ai été déplacé avec ma famille au nord-ouest, à sept kilomètres dans le quartier égyptien. C’était très difficile de sortir sous les tirs et les bombardements, et très risqué. Pour venir jusqu’ici, j’ai dû payer 1 000 shekels, soit 250 euros », explique-t-il. Abderrahmane vit aujourd’hui sous une tente avec un accès difficile à l’eau et dans la crainte de devoir partir à nouveau.

L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de Gaza-ville, dit vouloir s’emparer de cette agglomération qu’elle présente comme le dernier grand bastion du Hamas dans le territoire palestinien. Selon un haut responsable militaire israélien, « un million » de personnes pourraient quitter Gaza-ville dans le nord en direction du sud du territoire.

Dans la bande de Gaza dévastée, assiégée et en proie à la famine selon l’ONU, la défense civile locale a fait état vendredi de 29 morts dans l’offensive israélienne.

M. B.