mardi 10 décembre 2024
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Le Portugal en quête de travailleurs étrangers pour ses secteurs clés

Une nouvelle loi sur l’immigration facilite l’attribution de visas pour permettre à la main d’ œuvre étrangère de faire tourner certains secteurs essentiels pour le pays, comme le tourisme.

Nelson ne se départit jamais de son large sourire. « Je suis arrivé depuis un an. Et avec l’installation des terrasses des bars et des restaurants, il y a du travail. ». Affairé à répondre aux demandes des clients attablés à sa terrasse du centre de Lisbonne, le jeune Brésilien a juste le temps d’expliquer qu’il est arrivé au Portugal avant l’accord de mobilité signé par son pays en mars dernier, et n’en bénéficie pas. Cet accord passé entre le Portugal et les pays de la CPLP, (l’Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal et Sao Tomé-et-Principe), les pays de langue portugaise, avait surtout valeur d’intention.

Mais la nouvelle loi de l’immigration adoptée fin juillet 2022 par l’Assemblée nationale vient encadrer le processus destiné à favoriser la mobilité. Elle instaure l’attribution de visas courts, de 120 jours, qui peuvent être prolongés de 60 jours et pour lesquels les procédures bureaucratiques seront assouplies. Jusqu’à présent, un étranger d’un pays tiers ne pouvait entrer sur le territoire qu’à l’abri d’un visa de tourisme, obligeant le demandeur à de très longues et fastidieuses démarches auprès de la police des frontières pour obtenir le certificat de résidence. « Le Portugal est un pays d’immigration. Nous accueillons beaucoup d’immigrés. Mais nous souhaitons accueillir les immigrants comme nous voulons que nos émigrés le soient dans leur pays d’accueil. », a déclaré la ministre adjointe Ana Catarina Mendes.

Une main d’œuvre bienvenue

Le Portugal a besoin de main d’œuvre dans des secteurs clefs. Le tourisme, la construction, l’industrie textile et de la chaussure et dans la technologie de pointe. « Nous avons besoin de 45 000 travailleurs dans le secteur du tourisme et à tous les niveaux : hôtellerie, restauration, animations et services associés comme l’entretien et l’hygiène. Nous applaudissons l’initiative législative », se félicite Joao Fernandes, dirigeant de la Région touristique d’Algarve (RTA).

Cette région du sud du Portugal voit sa population passer de 500 000 personnes à cinq millions les mois d’été et la haute saison requiert une main d’œuvre saisonnière. « Suite aux accords de mobilité, nous avons instauré un partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en ce qui concerne le Cap-Vert. Sous l’égide de cet organisme de l’ONU, nous nous sommes rendus dans le pays afin de mettre en place la collaboration. Elle se fera au niveau des Instituts de l’emploi. Du côté portugais, une gestion rigoureuse des offres d’emploi et du côté du Cap-Vert une sélection poussée des candidats. En principe, ce sont les consulats qui vont gérer les visas », explique Joao Fernandes. Le responsable se félicite aussi que le dispositif puisse atteindre les 20% de jeunes « ni-ni » du Cap-Vert : ni travailleurs, ni étudiants.

Des avantages et des inquiétudes

L’une des particularités du système est qu’il pourra jouer avec les cycles de saisonnalité touristique inversée, entre les pays émetteurs et récepteurs de main d’œuvre. Une situation particulièrement intéressante pour les grands groupes hôteliers implantés dans différents pays.

Le Portugal, qui a élargi ses accords de mobilité avec des pays comme l’Inde et le Maroc, prépare pour la fin de l’année un déplacement dans ce pays. La délégation sera composée de membres du gouvernement, d’institutionnels et d’entreprises. Lisbonne veut garantir que les démarches ne seront pas compliquées par le SEF, le service de l’immigration, perpétuellement débordé. Le règlement d’application du texte de loi est attendu avec impatience, mais les effets bénéfiques pour l’emploi ne se feront pas sentir avant 2023.

L’épidémie du Covid-19, la recherche de meilleures conditions de travail et de salaires mais aussi le vieillissement de la population obligent le Portugal à prendre des mesures importantes. Les responsables affirment qu’il n’y aura pas de dérives de sous-emploi et d’exploitation humaine. Enfin, l’établissement de couloirs d’immigration dûment établis entre institutions « sœurs » est présenté comme la meilleure garantie d’éviter l’immigration illégale. « Le risque existe. Nous essayons de le minimiser », affirme João Fernandes, le dirigeant du tourisme d’Algarve.

M. B.