dimanche 7 septembre 2025
Accueil > A la UNE > L’UE inflige à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour ses pratiques publicitaires

L’UE inflige à Google une amende de 2,95 milliards d’euros pour ses pratiques publicitaires

Le géant américain de la tech Google a vigoureusement critiqué vendredi la décision de la Commission européenne de lui infliger une amende de près de 3 milliards d’euros, et a annoncé faire appel. La décision de la commission survient à un moment compliqué puisque les négociations avec les États-Unis sur les droits de douane ne sont pas finalisées et que Donald Trump menace de nouveaux droits tous les pays qui règlementent sur le numérique.

Après une semaine d’atermoiements et faisant fi des menaces de Donald Trump, la Commission européenne a annoncé vendredi infliger une amende de 2,95 milliards d’euros à Google. L’exécutif européen a estimé que le géant américain de la tech avait abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne depuis au moins 2014.

Quatre outils commerciaux de Google étaient dans le viseur, rapporte notre bureau à Bruxelles : Google Ads et DV 360, DFP Doubleclick For Publishers et AdX. Ils permettent à la fois de publier des annonces, d’acheter des espaces publicitaires ou de mener des enchères pour remporter un marché publicitaire. À chaque fois, il s’agit de publicités non sollicitées ou non ciblées comme celles qui apparaissent en bandeaux sur tous les sites internet. La Commission révèle en particulier que Google informait ses propres services des offres concurrentes lors des enchères, un des nombreux moyens de dominer toute la chaîne publicitaire. Google doit corriger ses pratiques afin d’éviter de se voir contraindre à se séparer de ses plateformes.

Cette sanction dite Adtech était très attendue. La Commission avait menacé en 2023 d’exiger la scission d’une partie des activités du groupe dans ce domaine de la publicité en ligne, ce qu’elle n’a finalement pas décidé à ce stade. L’annonce de cette sanction contre le géant américain avait été retardée en début de semaine, sur fond de tensions entre l’UE et les États-Unis, comme l’avait confirmé mercredi à l’AFP une source au sein de la Commission.

« Injustifiée »  

« L’Europe a « attaqué » aujourd’hui une autre grande entreprise américaine, Google », a protesté Donald Trump, sur son réseau Truth Social, en menaçant de riposter avec des sanctions commerciales. Le président américain assure dans le même message que si l’UE ne revient pas sur les amendes « injustes » infligées à Google, ainsi qu’à Apple, il serait « contraint » de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la « Section 301 ».

Le 26 août, Donald Trump avait vigoureusement attaqué les pays ou organisations régulant le secteur de la tech, les menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation. S’il n’avait pas cité directement l’Union européenne, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique, alimentant les débats en Europe sur le risque de représailles en cas de sanctions contre des sociétés américaines. L’UE avait rétorqué avoir « le droit souverain » de réglementer la tech.

Dans une déclaration à l’AFP, Google a pourfendu la sanction de la Commission. « La décision de la Commission européenne à propos de nos services Adtech est mauvaise et nous en ferons appel. Elle nous impose une amende injustifiée et des changements qui affecteront des milliers d’entreprises européennes, puisqu’elles auront plus de mal à gagner de l’argent », a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google chargée des affaires réglementaires.

C’est la troisième amende prononcée cette semaine contre Google, filiale d’Alphabet. Le groupe a été condamné mercredi aux États-Unis à verser 425,7 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée, selon la décision d’un jury d’une cour fédérale de San Francisco confirmée par le géant américain. Et jeudi, il a écopé d’une amende record de 325 millions d’euros infligée par l’autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil) pour des manquements en matière de publicités et de cookies.

En revanche, le groupe a remporté une victoire judiciaire majeure mardi aux États-Unis : un juge de Washington lui a imposé des exigences strictes sur le partage des données afin de rétablir l’équité dans la concurrence sur la recherche en ligne, mais sans l’obliger à céder son navigateur phare Chrome, comme exigé par le gouvernement américain.

M. B.