mercredi 23 octobre 2024
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Nouveaux échanges de tirs d’une ampleur inédite entre Israël et le Hezbollah, un « civil » tué au Liban

La situation, déjà inquiétante, s’est dégradée sur le front entre le Liban et Israël jeudi 13 juin. Deux jours après la mort de plusieurs membres du Hezbollah libanais dans un raid israélien, le mouvement pro-iranien et allié du Hamas a répliqué en lançant une pluie de roquettes sur le territoire israélien en 48 heures. Face à la hausse continue et soutenue des hostilités, les différents acteurs s’inquiète d’un éventuel embrasement général dans la région.

Pour la deuxième journée consécutive, le Hezbollah a déployé une puissance de feu inédite pour soutenir le Hamas à Gaza et pour venger la mort de plusieurs membres du groupe, dont son plus important commandant au Sud-Liban, Taleb Abdallah. Ce dernier a été tué par un raid israélien mardi 11 juin au soir.

En fin d’après-midi, et pour la deuxième fois de la journée, le parti de Hassan Nasrallah a lancé un escadron de drones d’assaut contre une caserne de l’armée israélienne en Galilée. Dans la matinée, la formation libanaise pro-iranienne a mené une opération combinée de roquettes et de drones : pendant 40 minutes, des salves totalisant plus de 150 roquettes et un escadron de 30 drones suicides se sont abattus sur 10 cibles simultanément.

La puissance de feu utilisée par l’armée israélienne n’avait rien à envier à celle du Hezbollah. Des sources de sécurité libanaises ont indiqué que l’artillerie de l’État hébreu avait attaqué trois localités au phosphore blanc dans le secteur central de la frontière, en plus de six autres régions visées par des obus de gros calibre. Des avions de combat et des drones israéliens ont pris pour cible sept autres localités en différents points du front qui s’étend sur 120 km.

Environ 90 000 civils libanais ont été déplacés des localités proches de la frontière israélienne. Une « civile » a été tuée et au moins sept autres personnes blessées lors d’une frappe israélienne nocturne dans le sud du Liban, a dit vendredi l’agence de presse nationale libanaise, faisant état d’un bilan provisoire. Selon cette source, « des avions de guerre ennemis ont lancé un raid visant une maison » à Janata, petite ville située dans la région de Tyr, ce qui a provoqué la mort d’une persone et des blessures pour « sept autres civils ».

Peur d’une « véritable guerre »

Un haut fonctionnaire américain, cité par l’agence Reuters, a affirmé que les États-Unis sont « très préoccupés par le fait que les hostilités à la frontière entre les deux pays pourraient dégénérer en une véritable guerre ».

Le chef de la diplomatie irakienne Fouad Hussein a également mis en garde, lors d’un entretien à Bagdad avec son homologue iranien Ali Bagheri Kani, contre le « danger » d’une expansion du conflit dans le sud du Liban. Le ministre iranien a de son côté réitéré le refus de voir la guerre à Gaza enflammer tout le Moyen-Orient. Les faits sur le terrain ce jeudi semblent confirmer les craintes exprimées.

Même son de cloche du côté de la Force de maintien de la paix des Nations unies au Liban (Finul), déployée depuis des décennies au sud-Liban : elle redoute une escalade. « La situation n’est pas tenable, s’alarme Kandice Adriel, l’une de ses porte-paroles. En tant que force de maintien de la paix, nous demandons à chacun de faire taire les armes et de s’engager dans une désescalade. Jusqu’au stade où les belligérants pourront se diriger vers une solution politique et diplomatique. »

Kamel Mohanna est préoccupé lui aussi. Originaire du sud Liban, il a fondé l’ONG humanitaire Amel qui a intensifié ses opérations dès le début du conflit Israël-Hezbollah, en octobre dernier. « Quand il y a eu des événements dans le sud (du Liban) le 8 octobre, on a renforcé nos centres existant dans la région frontalière. Il y a des milliers de maisons qui ont été soit détruites, soit partiellement endommagées. Donc on fait un travail énorme. Les besoins sont beaucoup plus importants que les moyens disponibles au Liban. Évidemment, jusqu’à maintenant, les conflits dans la région ont été limités géographiquement, mais tout peut arriver. Donc on s’est préparés pour une situation encore plus grave, surtout au Liban. »

« Pas d’évolution majeure »

Mais pour Yossi Kuperwasser, l’intensification des bombardements de part et d’autre cette semaine ne signifie pas forcément l’embrasement. Selon le chercheur au Jerusalem Center for public Affairs, « on assiste à des épisodes plus intenses que d’autres », mais « on est toujours au milieu d’une escalade graduelle et contrôlée », a-t-il analysé.

Il n’y a pas vraiment d’évolution majeure. On est toujours au milieu d’une escalade graduelle et contrôlée dans le nord. C’est la même situation depuis le 8 octobre dernier, au lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël, et le début de la guerre à Gaza. Parfois, on assiste à des épisodes plus intenses que d’autres, et on vient d’en vivre un. Israël a éliminé un haut gradé du Hezbollah, et le Hezbollah a répliqué en bombardant massivement le nord d’Israël. Ce n’est pas une surprise. Donc je dirais que nous en sommes toujours au même point. Nous nous approchons surtout du moment fatidique où il faudra décider de ce que nous comptons faire à notre frontière nord avec le Hezbollah. Deux possibilités : gagner la guerre à Gaza et espérer que cette victoire soit un atout qui nous permette de conclure un arrêt des combats avec le Hezbollah qui s’éloignera de notre frontière. Dans le cas contraire, il faudra probablement faire la guerre au Hezbollah.

Selon Yossi Kuperwasser, chercheur au Jerusalem Center for public Affairs, « on assiste à des épisodes plus intenses que d’autres », mais « nous en sommes toujours au même point », soit « au milieu d’une escalade graduelle et contrôlée ».

S. B.